Blaise Wilfert, maître de conférences, Département de sciences sociales de l’ENS-PSL
S1, 2024-2025
La crise politique que nous vivons, qui est gravissime, que ce soit en France, en Europe ou dans le monde, appelle à une réflexion urgente pour penser ce qui nous arrive. Crise du libéralisme, flambée nationaliste, large poussée des populismes, impérialismes déclarés : les symptômes de cet ébranlement sont gravissimes, et ils nous assaillent.
A ce sujet, comme très souvent, les économistes les plus en vue ont déjà leur doctrine : à partir de leur spécialité disciplinaire et sans proposer la moindre réflexion commune avec les sciences sociales, ils ont affirmé, dans la Déclaration de Berlin (signée par 70 économistes « internationaux » le 28 juin 2024), que les responsables de cette situation étaient la mondialisation et la mauvaise gestion des chocs qu’elle a produits, depuis des décennies, au croisement des effets des ruptures technologiques, des politiques austéritaires et de la « confiance excessive dans l’autorégulation des marchés ».
Pourtant, à plus d’un titre, cette crise majeure, marquée par le retour des affrontements militaires à grande échelle, le renouveau des projets explicitement impériaux, la montée en puissance des régimes autoritaires, la poussée, dans tout le monde atlantique, de courants politiques nationalistes et antilibéraux, ne cesse d’appeler à une interprétation large, à plusieurs perspectives, qui fasse appel à l’ensemble des sciences sociales, mais aussi à la comparaison historique avec la crise mondiale des années 1930 et 1940.
Que la mondialisation soit coupable, c’est une vieille antienne, qui remonte à la fin du XIXe siècle et aux interprétations contemporaines des crises que le monde connaissait alors. C’est aussi un discours bien commode, dans la mesure où l’on ne sait jamais bien précisément en quoi consiste cette mondialisation, ni quand elle a commencé, dans le discours de ceux qui la mobilisent.
Tenter de tirer au clair cette question implique donc
. d’historiciser le discours sur la responsabilité de la mondialisation, pour se donner les moyens de sortir de la répétition stérile des mêmes antiennes, qui ne mène qu’à des culs de sac intellectuels ;
. de comprendre en quoi consiste « notre » mondialisation, notamment par rapport à la « Première mondialisation », celle des années 1850-1910, ou 1880-1930,
C’est à ce travail que s’attellera cet enseignement, hybride dans son format, en associant des séances de cours, appuyés sur mon travail sur la « première mondialisation » et sa mise en comparaison avec la nôtre, et des séances de discussion avec des invités, issus de différentes disciplines des sciences sociales, qui aborderont, à partir de leurs points de vue, des sujets essentiels pour la compréhension de ce que nous vivons :
Validation : assiduité et note de synthèse en fin de semestre
Organisation de l’année
Créneau horaire : Mercredi, de 14h à 16h.
Volume horaire : 24h (12 séances de 2h)
Crédits : 6 ECTS
Salle : Jourdan, R2 02 - Madeleine Rebérioux
Séances : 18 et 25 septembre, 2, 9, 16 et 23 octobre ; 6, 13 et 20 novembre ; 4, 11 et 18 décembre.